L’élection présidentielle française met le franc suisse et le marché des changes sous pression
À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle française, les marchés financiers en général et plus particulièrement le marché des changes deviennent quelque peu nerveux. En effet, sur les marchés, on appelle cela le « spread » Le Pen ou la « prime de risque » Le Pen en bon français. Les extrêmes font…
À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle française, les marchés financiers en général et plus particulièrement le marché des changes deviennent quelque peu nerveux.
En effet, sur les marchés, on appelle cela le « spread » Le Pen ou la « prime de risque » Le Pen en bon français. Les extrêmes font peur aux marchés. Certes, le grand public est peu sensible à ces mouvements, mais les investisseurs y prêtent une attention toute particulière.
À quelques jours du 23 avril 2017, plusieurs hypothèses sont possibles. C’est une première, jamais dans la vie politique française 4 candidats n’ont été en mesure de se qualifier pour le second tour. Avec l’extrême incertitude politique et économique que représente cette présidentielle française, le franc suisse retrouve une fois de plus son rôle de valeur refuge. La pression est donc forte pour la BNS qui pourrait être amenée à intervenir de nouveau et lourdement contre un renforcement démesuré du CHF contre EUR.
Rétablissement de l’euro dès cet été
D’après Philippe G. Müller, économiste responsable pour la Suisse romande chez UBS, « d’une part l’économie suisse affiche une solide croissance, comme chez les principaux exportateurs européens et, d’autre part, le risque de déflation semble écarté. La pression devrait donc s’atténuer après les élections en France. On peut donc s’attendre à un rétablissement de l’euro à partir de l’été, avec le signal d’un retrait du programme d’achat d’obligations de la Banque centrale européenne. »
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L’euro sous le seuil du dollar avec Le Pen comme présidente
Une autre enquête intéressante a retenu notre attention pour évaluer le risque de variation du marché des changes. Réalisée par Bloomberg, elle concerne cette fois le marché des changes euro/dollar (conversion EUR USD). Dans cette étude, 23 économistes sur les 38 interrogés estiment que l’euro pourrait passer sous le seuil de la parité face au dollar en cas de victoire de Marine Le Pen. La monnaie unique pourrait en effet tomber à 1 dollar, voire en dessous au lendemain du second tour de l’élection présidentielle en cas de victoire de la candidate de l’extrême droite.
La devise européenne pourrait même passer sous les 0,95 dollar selon cinq économistes. Cela représenterait une baisse de près de 12% par rapport à aujourd’hui. Une telle chute ressemblerait peu ou prou à la chute de la livre après le oui au « Brexit » en juin 2016.
D’après Samy Chaar, chef économiste de la banque Lombard Odier à Genève, si Marine Le Pen est élue, « le franc suisse va s’apprécier initialement, ne serait-ce qu’en raison des flux de capitaux qui vont venir se réfugier en Suisse en attendant d’y voir plus clair sur sa politique. La Banque nationale suisse ne pourra donc rester inactive. Et sa seule marge de manœuvre sera d’imposer des taux encore plus négatifs. »
Le risque Mélenchon affole les marchés financiers
Au gré des sondages, les marchés financiers sont soumis à d’importantes « fluctuations » selon les finalistes potentiels du premier tour de cette élection. Ce n’est plus seulement Marine Le Pen qui fait peser un risque sur les marchés financiers, c’est également au tour de Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France Insoumise qui a fait une percée dans les sondages. À tel point qu’il a été donné pour la première fois devant François Fillon, arrivant en troisième position, dans un sondage publié le 9 avril 2017 par l’institut Kantar Sofres – OnePoint.
Un deuxième tour avec Jean-Luc Mélenchon est en théorie possible, avec son programme riche en dépenses publiques, des hausses d’impôts et une probable sortie de l’euro. Pour le quotidien Les Échos, il n’y a pas de doute : après le risque que représente Marine Le Pen, les marchés financiers redoutent le “risque Mélenchon”. Et ils le font déjà payer à la France, comme le montre la hausse soudaine du taux d’emprunt des obligations françaises observé le 10 avril 2017.
L’Écu, monnaie des entreprises ?
Marine Le Pen a défendu ses positions dans un entretien à la presse et a déjà une idée de ce à quoi ressemblerait la France sans l’euro : “pour les Français, il y aura une monnaie, c’est leur monnaie nationale, c’est celle qu’ils auront dans leur portefeuille, il n’y aura pas deux monnaies”, a affirmé la présidente du Front national. “En revanche, il est possible d’envisager pour les entreprises, ce qui a existé par le passé, qui était l’Écu, une monnaie commune. C’est un peu compliqué, ça ne touche pas les 60 millions de Français, ça touche exclusivement les États ou les grandes entreprises”, a-t-elle poursuivi.
Pas de changements sur les marchés avec Macron et Fillon
Avec l’élection d’Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche !, ou de François Fillon, le candidat Les Républicains, les risques sur les marchés financiers seraient quasi nuls avec un taux de change francs suisses euros quasi inchangé dans la mesure où la faiblesse actuelle de l’EUR est due aux politiques monétaires mises en œuvre par la BCE, politiques qui resteront inchangées en cas de victoire d’un candidat dont le programme économique est raisonnable.
En résumé
En conclusion, le fondateur et dirigeant de b-sharpe, le service de change de devises à taux préférentiel, Jean-Marc Sabet, précise « le résultat des élections françaises porte clairement le risque vers une baisse de l’EUR contre CHF notamment, qui se dirigerait vers la parité en cas de victoire des extrêmes. En effet, la BNS ne pourra contenir l’afflux de capitaux et son intervention ne pourra être aussi étendue que par le passé en raison de la taille déjà démesurée de son bilan. »