G7 2021 : Le grand retour du multilatéralisme ?
Première réunion du G7 sous l’ère Biden, la réunion virtuelle de ce vendredi tenue entre les États-Unis et leurs alliés historiques marque un tournant dans les relations transatlantiques.
Au terme de quatre années marquées par un élan d’unilatéralisme américain sous l’impulsion de Donald Trump, l’administration de Washington et son nouveau président démocrate Joe Biden ont souhaité envoyer un message clair à l’ensemble de leurs partenaires et du reste du monde : l’Amérique est de retour !
Vers une réponse coordonnée face à la crise sanitaire
Dans leur communiqué de presse commun, les dirigeants des sept puissances se sont engagés à apporter une réponse internationale à la pandémie.
De retour au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis le 21 janvier dernier, les États-Unis ont ainsi promis de renforcer leur aide aux pays pauvres dans le cadre des campagnes de vaccination.
Au total, 7,5 milliards de dollars ont été annoncés par les sept pays afin de soutenir le programme Covax piloté par l’OMS, et 13 millions de vaccins pourraient également être livrés au continent africain afin de protéger 6,5 millions de professionnels de santé.
“America is back”
Au-delà de la coopération internationale sur le plan sanitaire, le grand retour des États-Unis sur la scène internationale se traduit aussi et surtout par la main tendue par le président américain Joe Biden à ses partenaires européens ; une opportunité historique dont l’Union européenne et le Royaume-Uni comptent bien se saisir afin de relancer leurs économies respectives durement touchées par la crise.
Mais si ce climat favorable aux relations commerciales transatlantiques a de quoi rassurer en bien des points les acteurs de l’économie du Nouveau Monde et du Vieux continent, les tensions entre Washington, Pékin et Moscou restent fortes.
Or, si les États-Unis et l’Union européenne sont prêts à collaborer face à la Chine et à la Russie, les dirigeants européens ne semblent pas prêts cette fois-ci à s’aligner coûte que coûte sur la position américaine.
À l’occasion de ce qui pourrait bien être sa dernière apparition à la Conférence de Munich sur la Sécurité, la chancelière allemande Angela Merkel s’est ainsi félicitée de ce nouveau “multilatéralisme renforcé” tout en exprimant clairement ses exigences (de la lutte contre le terrorisme en Afrique à la reprise du dialogue diplomatique avec l’Ukraine).
Outre leur retour au sein de l’OMS, les États-Unis ont également réintégré l’Accord de Paris sur le climat et fait part de leur volonté de reprendre les négociations sur le délicat sujet du nucléaire iranien.
Un nouvel essor du libre-échange ?
Mis à mal au cours des dernières années par la guerre commerciale entre les États-Unis et certains de leurs partenaires économiques (au premier rang desquels : la Chine), les relations commerciales internationales pourraient profiter d’une année 2021 plus propice.
Porté par le réchauffement des relations transatlantiques, mais également par la nécessité pour les grandes économies de la planète de sortir aussi rapidement que possible de la crise actuelle, le commerce mondial pourrait donc repartir de l’avant.
Néanmoins, les considérations sanitaires et les relations géopolitiques entre puissances (notamment entre les États-Unis et la Chine) pourraient bien être les principaux facteurs à suivre pour prendre le pouls de l’économie mondiale.
En effet, critiquée par le président démocrate pour ses “abus économiques”, la Chine semble aujourd’hui au coeur des préoccupations américaines et transatlantiques comme en témoignent les dernières déclarations du secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg : “La montée de la Chine est un sujet essentiel pour la communauté transatlantique, avec des conséquences potentielles sur notre sécurité, notre prospérité et notre façon de vivre”.
Dans un contexte aux relents de Guerre Froide, guerre commerciale et guerre monétaire restent donc des menaces toujours d’actualité en ce début d’année 2021, et ce, malgré le changement de présidence aux États-Unis.
Prévu du 11 au 13 juin 2021, le sommet du G7 accueilli cette année par le Royaume-Uni sera donc très certainement l’occasion de faire un premier bilan sur les souhaits énoncés vendredi par les États-Unis et leurs partenaires, ainsi que sur l’évolution du rapport de force entre le bloc transatlantique et ses principaux adversaires politiques que sont la Chine et la Russie.